manque d'inspiration......
Ce jeudi-là, avant d’aller dans ma chambre, mon père m’avait pourtant bien demandé de rester au soleil sur la terrasse avec lui. Et il avait ajouté :
- « Dans la vie est un véritable labyrinthe, tous ceux qui s’y sont aventurés seuls s’y sont perdus. Garde ta main devant ton cœur, et la main a l’abri en poche... N’engage la conversation avec personne : leur seul objectif est de te faire mourir de sentiment ».
J’avais tellement bien intégré toutes ces consignes que, deux heures plus tard, j’étais là, perdu, seul, sur cette blanche page tellement sombre et pourtant inondée de soleil… à cette heure, entre chien et loup, où on ne sait pas trop s’il fait encore grand jour ou presque nuit. J’aurais dû prendre mes jambes à mon cou, courir dans la direction du soleil, seul issue probable de ce labyrinthe, seul issue de la panne d’inspiration....
Au lieu de cela, j’étais immobile, tétanisé, le crayon en main… et pourtant tellement serein, comme si je devais nécessairement me trouver à ce moment-là, à cet endroit-là, et nulle part ailleurs.
Je l’ai entendu bien avant de l’apercevoir : le contre-jour ne me montrait que sa silhouette, mais cachait son visage. Son pas était régulier, à la fois ferme et un rien hésitant. Je devais lui faire un signe, lui demander mon chemin… mon bras ne répondait pas, aucun son ne sortait de ma bouche. Elle a d’abord ralenti, puis s’est arrêtée à ma hauteur en me disant :
- « Fabrice, que vous sentez bon ! »
On m’a souvent dit cela… mais jamais une inconnue, une mystique d’un autre monde, jamais l’imagination elle même ne m’avait abordé en parlant de mon parfum, par parfum je n’entant pas senteur, ne vous laissez pas prendre par les mots, non par parfum j’entends en réalité sensibilité!
- « Etes-vous aussi muet que je suis aveugle ? »
Alors, je lui ai raconté : le conseil paternel, les recommandations, l’angoisse de ne pas savoir où j’étais…
- « J’habite juste ici… voulez-vous venir vous rafraîchir et vous désaltérer ? »
Habiter juste ici ? La page de mon carnet était tellement sombre, les lignes tellement épaisses… ne laissant apparaître ni portes ni fenêtres… Je devais refuser, je ne devais pas engager la conversation. Je ne devais pas m’aventurer en ces lieux inconnus avec une aveugle dont j’ignorais tout. Et pourtant, je lui ai emboîté le pas ; quelques mètres plus loin, elle a poussée une grosse porte cloutée… et, une fois dans son antre, la magie a opéré instantanément : quelle fraîcheur ! Quelle luxuriance d’odeurs, de couleurs ! Pur plaisir de tous les sens !
Mon hôte avait disparue ; je me suis installé sur un banc, à l’ombre et, alors que je m’attendais à ce qu’il m’offre une boisson froide, c’est avec une théière que je l’ai vu revenir.
- « Vous aimez mon jardin ? J’ai choisi chaque plante, son emplacement, pour l’harmonie des couleurs… des odeurs… mais aussi du goût… j’ai préparé cette infusion en choisissant chaque ingrédient, chaque épice, chaque saveur, rien que pour vous ».
Je ne sais si c’est la boisson brûlante ou la beauté de ce jardin imaginaire, toujours est-il que je me sentais comme engourdi, détendu, bien… et alors, nous avons parlé. Elle m’a racontée ses souvenirs visuels, l’accident, pourquoi elle s’est retirée au bout du monde… pour oublier… pour se reconstruire de l’intérieur… je lui ai dit mes errances, mes forces, mes faiblesses, le désir étouffé par la contrainte, mes joies, mes déceptions, mes espérances… je lui ai parlé de cet enfant perdu… et les larmes ont coulé… celles que je retenais depuis tant d’années…
Elle m’a prise dans ses bras, a posé ma tête au creux de son épaule… et nos gestes se sont rencontrés… gestes de découverte… à défaut de me voir, elle voulait me toucher… n’essayait pas de me troubler, et encore moins de m’exciter… juste me découvrir…
- « Tu es tellement beau ! »…
- « Peut-être dis-tu cela parce que tu ne me vois pas ! »
- « Ta beauté rayonne dans ta voix, dans ton regard, dans ton sourire… j’aime tes mots…j’aime tes mots… j’aime tes maux…»
La nuit était tombée depuis fort longtemps…
- « Je pourrais appeler le monde a se coucher sur tes pages … mais tu peux rester… vivons un moment que nous n’oublierons jamais… cultivons l’éphémère… »
Je devais être tombée sur la tête… moi, habituellement si réticent, si farouche, j’étais sur le point de m’offrir à celle qui ne me voyait pas.
mon voyage ne finira jms l'irelande n'est pas le début....
Je suis perdu ici à un millier d’années de ce que j’étais… Si un jour j’ai été « moi », Je marche sur une route que d'autres hommes ont foulée. Je vois ton monde de gens et de choses, tes pauvres, tes paysans, tes princes, tes rois. Hé, TOI, je t'ai écrit une chanson, Sur un drôle de vieux monde qui suit son chemin. Il a l'air malade, il est affamé, fatigué, déchiré, On dirait qu'il se meurt, mais il vient à peine de naître. Hé, TOI, mais je sais que tu connais, Toutes les choses que je dis, et cent fois mieux que moi, Je te chante cette chanson, mais je ne chanterai jamais assez, Car ils sont peu nombreux les hommes à avoir fait ce que tu as fait. C'est pour la personne que tu étais, celle que tu es devenu et aussi celle que j’avais fantasmé, et pour tous ces braves gens qui voyagèrent en et avec toi, c'est pour le cœur et les mains des hommes qui sont venus avec la poussière, et sont partis avec le vent. Je partirai demain, mais je pourrais partir aujourd'hui, Quelque part sur la route, peu importe quand. La toute dernière chose que je voudrais faire, C'est te dire : "J'ai, moi aussi, fait un dur voyage".
écrivain
Les phénomènes de mode ont généralement sur moi l’effet repoussoir d’un aimant inversé. Résistance primaire. C’est ainsi que j’ai délibérément tourné le dos aux « fashion blog’s writers », refusant d’entrer dans le jeu du déshabillage verbal généralisé après celui du déshabillage télévisuel. Et puis il y a quelque temps, par hasard et parce que le site d’une amie n’était pas accessible, j’ai mis le pied dans son blog.
Juste un orteil en fait, comme on entre dans une mer que l’on suppose trop froide. Et j’ai effectivement frissonné sur certaines pages, lorsqu’elle déclare son droit de raconter ses proches, nominativement. Ceux qui resteraient seraient considérés comme vrais amis. Drôle de test. Mais hormis cette manière surprenante de séparer le bon grain de l’ivraie, hormis quelques « ragots » dont décidément je ne vois pas l’intérêt d’être rendus publics, l’eau peu à peu s’est avérée tiède et accueillante…
Journal d’un écrivain : plongeant à plusieurs reprises sous la surface de l’eau j’en revins avec le sentiment qu’il y avait là aussi le journal d’un lecteur et que ce qui se tissait tenait autant de l’écriture que de mes lectures. J’y reconnus quelques galets philosophiques qu’il m’arrive de polir entre mes doigts usés. Proximité naissante, tacite, qui me donna plus tard l’envie de m’immerger à nouveau. Et de découvrir un peu le quotidien de qui fait profession d’écrire, poursuivi par les chiffres autant que par les mots : nombre de lignes de la journée dont semble dépendre la journée toute entière, promenades urbaines régénérant le réservoir du verbe, hésitation entre la réalité et sa déconstruction, souci de se déprendre du concept pour « passer à l’acte » et de se déprendre de l’acte pour le transfigurer entre les lignes. Il y a là, loin de ce qui noircirait le papier ou l’écran pendant une heure ou deux de temps libre. A se demander si le métier d’écrire peut se vivre autrement qu’un enchaînement, désiré et désirable par l’auteur certes, mais enchaînement. Tension nécessaire que n’ignore sans doute pas non plus le père de famille qui se pique de mots, voguant sur la crête de la frustration du j’ai-pas-le-temps. « Le temps est une putain » écrit quelque part une fille dont m’échappe aujourd’hui : à l’écrivain aussi il semble donner trop et jamais assez…
Une dernière plongée me permit de regarder d’un peu plus près ce mystère pour moi des « gros mots », coquillages tranchants travaillés par les vagues de celle qui ne rougit plus de les lancer à la face de qui veut bien les attraper. Attirance et répulsion mêlées, toujours. Encore. Avec la distance propice pour ne pas les consommer mais les laisser intacts aux lèvres de la vie. Avec l’envie aussi de les découvrir autrement, ailleurs, dans un livre.
sommeil et passion
Sur le chemin du sommeil roi, tout est fluide, aucune retenues superflues. Serein. Les plus forts tourbillons, me paraissent calmes. Quand tout le temps peut s’enfuir dans l’espace d’une seconde amère, il n'y a plus rien à quoi le comparer, c'est pourquoi il prend cette teinte de douceur qui aide alors se briser, à se faire mourir de douceur. Le bien-être! C'est ainsi que tout le monde pourra maintenant vivre l'immoralité du sommeil roi. Partenaires passionnés, pour lesquels tout est fluide, rien n'engendre la peur, aucun temps mort n'existe.
Il n'y a aucune lutte à mener, aucune inhibition à vaincre.
Ayant dépassé le règne du « perdre » et « gagner ». Ce n'est plus du jeu.
Le jeu se voit dans un panorama où des champs sont distincts: le travail d'un côté, le temps libre de l'autre. Le chemin du sommeil roi ne se trace pas au travers de ce panorama.
Tout est travail parce que rien ne l'est. Et cela aussi parce qu'il n'y a pas de temps libre/mort.
Le seul moment peut-être par lequel je me repose maintenant c'est le someil. Et encore! Puisque là se dessinent la clarté des rêves. La veille, je les vis et le sommeil je les vois. Et quand momentanément s'interrompt le moment du délice de la fête, j'ai l'impression, devant tant de calme, de passion, de fluidité, que c'était comme un rêve. Alors je m'endors pour me reposer de ce rêve très fort de la veille.
La très dense actualité, elle seule, mène la danse. Pas de grand modèle à qui ou à quoi se référer.
Quelques jours après ma naissance, moi dans la mer, j’étais devenu l'eau de l’Atlantique. C'était tellement bon... Maintenant pas de juge ni témoin devant qui répondre à l'appel. Appel et écoute sont mêmes. Le modèle qui a fondu.
Nous ne voulons même plus être un modèle. Seul surgit l'acte. C'est lui qui nous fait. Dès lors plus j'en fais et plus je suis reposée et calme, presque sans voir que le mal me brise. Brise la carapace. La tortue dessous n'est pas nue. Mieux que ça, elle est devenue acte.
Plus d'acteurs ni d'actrices. Si le monde a voulu être un théâtre, le rire et la fougue ainsi que les pleurs de jouissance l'ont définitivement détruit. Bien fait pour lui. Chemin du sommeil roi, de l'immortalité, de la mort de l'amour. L'amour je lui crache dessus. Il meurt par définition dès qu'il naît. Je lui préfère ce qui n'a pas de fin pour n'avoir pas même de commencement: la passion. Que je n'ai pas choisie puisque je suis comme ça. Sans limites la Passion qui m'engendre.
- Commentaires textes : Écrire
truc vité fait début de vrouillon pour une future piste
Je n’ai plus envie de voir de l’autre coté des montagnes, à croire que je n’ai jamais eu aucune envies. C’est mon destin d’être seul. Je suis un orphelin de l’amour… Un orphelin apprend tôt à se protéger, plutôt que d’être rejeter mieux vaut rejeter les autres. C’est pourquoi j’ai préférer ne pas la revoir, j’étais heureux il y a longtemps, mais le passé est loin. C’est mon destin d’être célibataire, je ne lui ai pas dit que je l’aimais. C’était et c’est écrit. J’ai eu envie d’oublier, j’ai pris cette potion que ses larmes m’ont offerte, et… et j’ai continué à vivre…
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texte plus que beau, magnifique, si troublant !!
bon ben si avec ce tetxte on reconait pas que t'as des qualitées littéraires super ben dis dc en tout cas nna je vois très bien ce texte ds une nouvelle ou c egenre de trucs
beau texte...
beau et triste en même tps...
Bravo, je clap ds les mains !!!