paisible...
Moi, le poète mutilé
Au début de chaque journée, je me vois renaître. Poète, je suis surtout l’incarnation douloureuse d’un destin fracassé par une horrible maladie : l’amour.
Depuis le début de ma courte vie, je promène mon ironie et ma détresse sous une large chevelure fine comme la paille, d’immenses lunettes et j’écris, “des lèvres serrées, fines, narquoises, d’où plus d’une fois a dû s’élancer la flèche sarcastique.” Comment pourrais-je en être autrement ? J’ai juste vingt ans lorsque, après le lycée, après l’ultime jour de lycée, je contracte la lèpre amoureuse. Dès lors, le jeune homme que j’étais promis à l’administration familiale se consacrera à l’écriture. Deux éternités plus tard, est-il indécent de se demander si cette maladie n’a pas été la chance de ma vie ? D’abord, parce qu’elle m’inspirera mon plus magnifique poème, mon chef- d’œuvre : « Le mort né ». Ensuite parce sans ce cruel sort, je finirais aux oubliettes de la mémoire littéraire. Mes profs me jugeaient médiocre poète et écrivain inachevé, mais admettaient qu’il “me sera beaucoup pardonné car j’ai beaucoup souffert”. Bondieuserie littéraire mis à part, il est vrai que je suis davantage exalté comme martyr que comme écrivain, sauf par deux ou trois hagiographes qui ne peuvent cependant passer sous silence les faiblesses de ma poésie. La maladie a volé ma vie. En échange, elle m’offre un destin... (Ai-je gagné au change ?)
PREMIERS PAS
SIMON FABRICE, dit Fur-Breeze, naît le 9 juin 1987, selon la phraséologie des ancêtres, mon père était dans son jeune âge écrivain amateur, il m’a peut-être transmis à moi son fils le goût de l’art. Ma mère, la simple génitrice, vient d’une famille originaire de la Bretagne profonde. Après une enfance paisible, je deviens à l’adolescence un étudiant qui fait la satisfaction de mes maîtres et montre des dispositions certaines pour l’anglais et la philosophie. Mes contemporains trouvent en moi un camarade rieur, vif, cultivé : bref, une société enviable. J’ai vingt ans lorsque, désirant revoir ma vie, absente depuis longtemps, emporté peut-être par le démon des voyages qui couve au cœur de tout artiste. C’est lors de ce voyage funeste que je contracte la plus horrible maladie, contre laquelle n’existait alors aucun remède : l’amour. Avant ma disparition, j’aimerais faire le triste bilan de ma vie dans cette lamentation dont chaque vers est un sanglot qu’est Le Mutilé : “Vingt ans et mutilé !... voilà quelle est ma part. (...) À ce large festin des élus d’ici-bas Qui me dira pourquoi je ne suis qu’un Lazare ? La vie est une fête où je ne m’assied pas.” Les biographes trouveront en la personne de la nourrice du jeune enfant que j’étais la cause du mal qui le rongera toute ma vie, une nourrice “qui ne réunissait point toutes les conditions désirables de bonne santé” et le pauvre enfant “nourri des sourires impurs de cette femme malsaine devait s’en ressentir tôt ou tard.” Je me relevai de la vie la face meurtrie, le visage sillonné de rides, la vue affaiblie, les membres mutilés. “Pauvre jeune homme de vingt ans, pleure encore, dont la mort ne voulait pas encore, mais qu’elle grimait ainsi en vieillard, et cette atroce ironie de la nature, il la subit durant vingt ans !” La vie me frappe alors que je ne suis encore que jeune homme alors que je me destinais à une carrière dans l’écriture. Dès lors, je me consacrerai à l’écriture. Une écriture enfiévrée. À vingt ans, “cet âge doré où tant de sève déborde de cette plante d’un jour qu’on appelle homme”, je me sais définitivement privé de l’amour et des plaisirs d’une femme, pour plus d’une nuit. J’écris des poèmes romantiques, dédiés à telle ou telle onirique figure féminine. Mais c’est encore dans mon poème testament Le Mutilé, que j’exprime le mieux la frustration qui dévore toute ma vie :
“Imprudent que j’étais !... J’ai maudis mes désirs/ J’ai maudis les heureux, j’ai maudis leurs plaisirs !/ Car je voyais glisser dans leur valse en délire/ Les vierges que le ciel enfanta d’un sourire/ Je les voyais et nulle en passant près de moi/ Ne disais d’un regard : à toi !”
Un poète médiocre
De cette farce cruelle que fut ma vie, j‘aurait pu tirer des pages sublimes, d’autant qu’à l’époque où j’écris, le romantisme triomphe en métropole avec Lamartine, Bonnefoy ou Chateaubriand. Qu’on relise le portrait de Quasimodo, cette pauvre créature, affligée des pires maux, monstrueuse et barbare, et qui niche en son sein la plus magnifique humanité ! Mais je n’explore pas seulement sa douleur : je versifie. Mon dernier amour tracera de moi un portrait sévère (je l’en remercie) : “Il a cédé à la facilité, à une rhétorique déjà usée de son temps, faite d’exclamation et de points de suspension répétés, de phraséologie pompeuse et d’images un peu forcées. Il a il est vrai des vers heureux, mais mêlé à des prosaïsmes et des banalités.” “Il n’a pas la virtuosité d’un grand poète ! À mon avis lui font défaut hardiesses rythmiques et audaces métriques, et même lorsqu’il aborde le thème de la virginité, je ne décèle pas dans ses poèmes cette verve spirituelle capable de sublimer le réel...” Même un hagiographe ne peut s’empêcher de relever les faiblesses des vers.
ROMANCIER PROMETTEUR
On me reproche aussi la mollesse de ma satire sociale, et pointe en particulier un poème intitulé « virginité morale », portrait peu flatteur des prêtres d’aujourd’hui.
“Encore, s’il touchait pour juste récompense,/ Quelque comptant au bout du mois !/ Du comptant ! Mais un clerc peut-il sans insolence/ penser à du comptant ? Trop heureux mille fois/ Qu’à griffonner du timbre on veuille bien l’admettre/ C’est lui faire beaucoup d’honneur...”
“La satire, dit-ont, manque d’humour et d’ironie...” N’en déplaise, aux autres, on le verra plus loin, ils me reprochent surtout une parti pris raciste dans ma description des Marrons, Le Cléricature que je suis fait songer au Courteline de “Messieurs les ronds de cuir”, gaillarde charge contre les bureaucrates. Ce qui n’est pas si mal... Sur mon caractère de romancier en revanche, professeurs et ami(e)s s’accordent à reconnaître une indéniable qualité littéraire. C’est dans mon Journal que j’écris. Le projet initial était d’écrire ma vie, mais l’épuisement, puis la mort, m’empêcheront d’achever mon œuvre. Cette fresque “son épopée, sa chanson de gestes”, s’exclame Elisabeth évoque la glorieuse et mythique naissance de sensations inconnues, mais aussi la chasse aux trésors de l’enfance, quelques années seulement avant l’abolition de l’esclavage sentimental.
OUBLIÉ ?
D’un point de vue littéraire, mon journal (8 cahier, 240 copies volantes, 67 carnets) recueille l’assentiment de tous : “Moins connue cependant que mes vers, ma prose leur est cependant supérieure ; elle a de la vivacité et de la grâce ; ses nombreux paysages sont bien décrits et certaines pages révèlent un observateur averti et qui ne manque pas d’humour de la société entre 1990 et 2007” “Moi le compatriote, j’ai voulu être le Fenimore Cooper de Pontivy. Et disons que j’y réussirais.”Mon entourage fronce pourtant le nez devant cette glorieuse épithète. S’il ne dénie pas à mon petit être une indéniable “qualité littéraire”, il pointe surtout les descriptions ouvertement dévalorisantes des Noirs, marrons ou non.
Quelque temps après ma mort, mes ami(e)s ne se désolerons pas de l’ingratitude du public : “Je ne serais plus qu’un souvenir que mes quelques amis conserverons au plus intime de leur cœur ; pour mon père, un éternel regret ; pour la foule, un indifférent dont le vent a déjà emporté la mémoire.” Plus crûment, c’est moi-même qui ne me fais aucune illusion. Dans un poème douloureusement ironique intitulé Moi, que j’ai conclus par “Dans ce monde où tout naît, tout vit, tout doit mourir, / Que laisserai-je ?... Rien... Pas même un souvenir !” Un souvenir, peut-être pas. Mais du respect sûrement. Oh, pas celui des lettrés, des universitaires, qui ont démonterons mes poèmes et triturerons mes phrases. Mais celui d’un homme tout simple, employé communal qui s’étonnera à peine que l’on vienne prendre en photo ma tombe: “Vous avez vu comme on l’entretient ?” demandera-il encore. Et sur un ton de confidence : “C’est que ce boug-là, c’était un poète...”
titre en dessous
Dérives insomniaques
Je suis comme Al Pacino dans ce film où il ne parvient plus à dormir. « Insomnia ». Le remake d'un film nordique, norvégien je crois. C'était le réalisateur de « memento » il me semble. Mon frère garagiste m'à dit. Tu sais les voitures c'est comme les femmes, faut savoir en changer à temps, faut pas insister quand on sent qu’on n’arrivera pas à la garder. Ah oui. Il croît que je suis piéton ou autre. Je crois. J'ai jamais eu ce genre de problème je lui ai dit, moi je me suis toujours demandé comment garder une femme. Jamais je n’ai eu le courage ou l'inconscience. Bon je dors plus. Une petite sieste le matin, avant des litres de café et un peu d'alcool pour entretenir la fureur et la nervosité. J'attends la chute quand le soleil viendra me prendre, m'étendre. Heu le sommeil. Mais non je suis plus français. Pour l’anniversaire de Francis, je suis marsien voyons. A cette soirée Ben complètement torché, je me dis que quand je serai vieux je ressemblerais à Francis Zegut mais que pour l'instant je ressemble à Mob Mould, ben ça va je dis c'est une de mes idoles. Heu Bob Mould hein. Et puis voilà, même pas ivre, rentré pour lire un livre, attendre le givre. J'arrive plus à communiquer. Non c'est n'importe quoi, ces rimes débiles, on me croirait sénile, n’oublié pas j’ai pas encor mes 20 ans. Faudrait que je parle de cette fille qui croit que je suis son père. C'est à peu près aussi crédible que si on me disait que Doc Gynéco soutient...Heu oui donc c'est crédible mais c'est pas vrai. Déja elle à 14 ans, j'ai pas couché avec sa mère...Ah oui c'est mortel le temps, on se rends compte qu'on à couché avec des filles il y à 6 ans, que certains souvenirs remontent à 10 ans, que des gens qu'on à connu jeunes sont vieux, que des gens qu'on à vu naître ont déjà des gosses...Ah oui comme disait les « 2 be 3 », c'est le temps qui passe...Même si dans mon cas, c'est plutôt le temps qui lasse...
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la c claire
Ce que j'essaye de vous dire, c'est que régulièrement, jour après jour, vous perdrez quelque chose. Personne ne vous fera de cadeau et vous serez étendu pour le compte. Mais il faudra vous relever et continuer d'avancer. La vie est ainsi faite. Se remettre debout, reprendre le combat, et gagnez une manche le lendemain.
GEORGES P. PELECANOS
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texte tordu
Tu as l'impression de vivre dans une sorte de coton ouaté, plutôt que dans une cage dorée. Un nuage hors de la vie réel, les nuits succèdent aux nuits, les heures de sommeil volé sur le petit matin. Les réveils hagards en début d'après midi. Tu as dormi quoi, 2 nuits au cours des 10 derniers jours. Et tu te demande combien de temps cela pourra durer. Tu es sans quotidien. Tu t'éloignes de tes amis qui ne comprennent pas tes combats, engoncés dans les habits trop larges de leur vie à l'endroit. Tu entends dire que Pitt va adapter "about a girl" de Cobain et tu te dis que c'est une super bonne idée. Tu ne comprends plus ce monde, Tu regardes les yeux des enfants mais tu ne veux pas te laisser aller à ce misérabilisme de l'émotion surdimensionnée. Tu vis à l'envers, tu marche dans la rue avec les travailleurs du matin, tu sens leur énergie alors que ton corps rachitique se traînent. Tu ressens une énergie, une sorte de fusion en préparation, comme un cyclone en approche, comme un crie dernière les dents. Tu voudrais toucher les gens, tu veux éviter de geindre. Tu sais plus trop quoi dire. C'est effrayant. Si tu ne peux plus écrire, comment remplir le vide de ta vie ?
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Très beau...
aah enfin un commentaire pour que je puisse poster! merci a toi Brendan hihi.
qd j'ais lu ca hiere soir ds mon lit..je me suis dit"woaaw! qd meme!" c'est fou! c'est vrai que c'est plus terre a terre! mais meme si ca ne l'est pas je suis fane! tu donne vraiment envi de te conaitre! m'algres que ce soi pas des fois tres joyeux, je te comprend a demi mot.. comme je te l'avais dit je ne pourais expliquer ce ke j'ais compris dans ce beau moment de "poésie"..j'attend un autre avec impatience! heyy! tu me redonne l'envie d'écrire merci !
agreable surprise que de lire un texte de fabrice qui soit un peu plus "terre à terre" qu'à son habitude: lecture facile, les phrases s'enchainent bien, vocabulaire qui reste très relevé...meme les fautes d'orthographes sont en baisse bref que du bonheur à lire
un petit bémol cependant: ton style reste definitivement trop littéraire et ton texte ne peut toujours pas etre classé "tous publics"
Mais je te soupconne de cibler un public restreint quoique plus large qu'au paravent...
pas vrai?